



Se poster là, à l'entrée de la serre...
Pester parce que c'est mal commode de s'installer ici, coincée entre le laurier rose et la porte en verre.
Mais que faire ? Le sujet est apparu à cet endroit, quand je suis passée, des courgettes plein les mains et que mon œil est resté accroché au vieil arrosoir posé près des
lavandes ...
L'envie de faire des portraits d'arrosoirs est revenue à toute vitesse, elle m'a fait déposer les courgettes dans l'herbe et préparer le matériel à la hâte. Les courgettes resteront là, elles se sont invitées dans le tableau.
La première esquisse, faite avec précipitation tant j'ai peur que la magie ne s'envole avant le premier coup de pinceau.
et puis le calme, dès que la première note de peinture se joue, comme le trac qu'on dépose en coulisses avant d'entrer en scène.
Après plus rien, plus rien de réfléchi, ou si peu.
Attraper des touches de lumière, de couleur, de matière et les laisser se poser sur le bois du panneau.
La poule fugueuse est venue voir ça de plus près, a décidé que l'arrosoir manquait d'ocre puis elle est partie picorer un peu les courgettes pour les inciter à plus de modestie dans le tableau.
Elle est partie en s'ébrouant pour faire l'importante ...
C'est elle qui a raison, il faut plus d'ocre pour rendre la rouille poussiéreuse qui s'est posée sur l'arrosoir .
Mais pour le glacé des courgettes, la matité du zinc , elle ne m'a rien dit, dommage.
Il n'y a plus que le vrombissement amplifié d'un bourdon explorant un autre arrosoir plus proche de moi. Peut-être pour me signifier que celui-ci aussi à envie de se faire tirer le portrait.
Plus que ce bourdonnement et le cliquetis des pinceaux dans le bocal de térébenthine.

Voilà, c'est fini
D'ailleurs, la pluie arrive....